Il était une fois, par une journée de forte chaleur, un disciple qui se promenait au beau milieu de l’après-midi. Prenant un chemin à travers les pâturages, il trouva un banc sous un arbre pour s’asseoir. Ayant l’esprit fort contrarié et confus suite à un dispute avec son maître qui l’avait traité de paresseux, il ôta sa paire de sandales, se coucha sur le banc pour profiter d’une méditation.
Se concentrant sur l’instant présent, son attention se portait sur les oiseaux dans le ciel. L’arbre lui fournissant de l’ombre. Un léger vent souffla sur lui, aidé par les branches de celui-ci pour le ventilé. Le disciple contempla le ciel, et les animaux qui étaient autour de lui. Vidant sa coupe, il parvient à un silence interne. Dans cet état, toute son attention sur ce qui « est » lui donna alors de la plénitude.
Retrouvant la sérénité d’un esprit calme et le coeur léger, il remit ses sandales et reprit son chemin. Au bout de quelques pas, l’Arbre lui dit :
– « C’est donc comme cela que tu me remercies ? »
Fort gêné, le disciple retourna vers lui et il commença à pleuvoir quelques gouttes. Le disciple se dépêchait pour se protéger de cette pluie éphémère sous l’Arbre doté d’une conscience.
Le disciple lui présenta ses plus sincères excuses et, pour lui montrer sa grande satisfaction, il posa une main amicale sur son tronc. A cet instant même, une multitude de fourmis alla sur sa main. Ayant été à la fois très surpris et prit de peur, il balaya rapidement toutes les fourmis indésirables au sol avec son autre main et reprit son chemin à vive allure.
A bout de quelques mètres de l’Arbre, il prit conscience de son terrible geste. Dans cette forte attention, il comprit pourquoi il avait fait cet acte monstrueux en quelques secondes. Tout ceci à cause d’une peur, la peur que les fourmis lui infligeraient des morsures, tout cela prenant naissance à la racine de sa connaissance sur les fourmis. Sentant que cette terrible illusion était la responsable de la mort d’une dizaine « d’Etres » dont il a été la marionnette en suivant l’action. Il retourna vers l’Arbre, remit sa main de manière amicale au même endroit où se trouve le nid de fourmis. Bien entendu, des fourmis allaient de nouveaux sur sa main et son avant-bras.
Elle galopaient en tournoyant, certaines d’entre elles se battaient, une autre le piqua dans sa chair. Le coeur du disciple bat à vive allure. L’Arbre sentant que le disciple avait une respiration aussi courte que rapide lui demanda de bien vouloir respirer profondément et de se calmer. Suivant les conseils de ce Maître du présent, le disciple porta ainsi sa plus grande attention à ce qu’elles faisaient, il sentait, en réalité, des châtouillements de leur part. Il voyait alors que les fourmis ne perdaient pas leur temps, elles tournaient autour de sa main et de son bras croyant qu’elles le piquaient, les fourmis n’avaient pas de temps à perdre en futilités. Elles ne faisaient que chercher, chercher encore et toujours autour de ses membres pour trouver quelque chose qui apporterait satisfaction pour le bien de leur colonie, pour leur Reine. Le disciple, au bout de quelques minutes, reposa sa main sur le tronc de l’Arbre et attendit que les fourmis retournent à leur nid. Elle partaient toutes sans se rendre compte que leur « environnement » avait de nouveau changé, sauf une qui cherchait encore et encore autour de la main du disciple. Ce dernier l’aida à retrouver ses soeurs et cela ne la perturba pas le moins du monde.
Le disciple les laissa, fit quelques pas, regarda sa main et son avant-bras et constate qu’il n’y avait aucunes morsures de fourmis. Il dit à l’Arbre :
– « Maître, je vous remercie de votre leçon d’aujourd’hui. »
– « Sur ta gauche, au bout du chemin, tu trouveras une fontaine. Mets ta main dans l’eau et tu comprendras tout ». lui dit l’Arbre.
Par politesse et par une extrême mode
stie, le disciple le salua encore une fois dans un profond respect. Il continua son chemin et trouva la fontaine comme indiquée. Suivant les conseils de ce Maître-Arbre, il plongea sa main où les fourmis avaient galopé, dans l’eau. Il sentit une sensation si douce qu’il comprit dans sa plus profonde signification la leçon d’aujourd’hui.
De retour au temple, il raconta à son maître ce qu’il lui était arrivé. Le maître, heureux, lui dit que dorénavant cet arbre sera son Maître car il n’a plus rien à lui apprendre et qu’il doit partir sur le champ sans chercher à comprendre ses raisons. Le disciple, obéissant pour la dernière fois, à sa volonté.
Sur le chemin du retour à l’Arbre, le disciple était heureux à l’idée de le retrouvé. Cependant, durant le trajet, il ne pouvait pas s’empêcher de penser à ces pauvres fourmis qui travaillaient aveuglément pour une autorité.
L’Arbre, lui, connaissant parfaitement les hommes à travers les âges qu’il a vu et vécu, enseigna au disciple tellement sur la société à travers les animaux qu’il était devenu, avec le temps, un grand Maître très respecté, très recherché et très aimé. Rejettant toutes bienveillances et malveillances à son égard, la légende raconte, qu’au cours d’une grande méditation, il se serait transformé en un immense chêne majestueux auquel ses propres racines se nourriraient au coeur d’une fontaine.
FIN.
Texte : Anthony Klopffer