Excréments d'histoires, de poésie et de spiritualité.

Archives de la catégorie ‘Contes’

Le pêcheur

C’est l’histoire d’un homme qui se nourrissait toujours de même poisson. Cet homme s’appelle Philippe. Son poisson était en vérité bon, mais il voulait un poisson d’une saveur, un poisson très pur qui le rende heureux.

Pendant ce temps, un pêcheur fit une pêche merveilleuse. Il a récupéré  peu de poissons en vérité, mais son poisson était une merveille divine. Il remercia l’océan et Dieu de ce qui est venu à lui. L’océan lui répondit que c’est grâce à ses ascèses et à son austérité qu’il est ainsi récompensé.

Sur le chemin du retour, le pêcheur rencontra son ami Philippe. Philippe remarqua sa pêche et lui en parla avec des yeux qui brûlaient d’envie d’en avoir. Le pêcheur comprit que Philippe voulait goûté à son poisson. Le pêcheur décida alors de partager le repas de sa pêche avec lui. Le pêcheur sait et connaît son poisson, il est le meilleur qui soit pour un homme.

Au cours du repas, son ami lui dit que le poisson a très mauvais goût. Le pêcheur, un peu frustré que son ami n’en apprécie pas la saveur qu’il désirait tant lui dit :

–  » Je vais t’apprendre mon art de la pêche, ainsi tu auras tout le poisson que tu voudras. »

Et son ami de répondre :

–  » Pourquoi veux-tu m’apprendre ton art de la pêche, puisque tu me donnes du poisson ?  »

Texte : Anthony Klopffer.

Image : Paul le pêcheur, japanime.

Le tueur de requin.

 

Un pêcheur est sur son bateau en train de lancer son filet quand il est tout à coup  attaqué par un grand squale. Il a très peur de lui, de perdre sa vie avant tout, alors il décide de prendre plusieurs harpons et autres armes et lui inflige de violentes blessures. La bataille faire rage jusqu’à la plage. Le pêcheur voit le requin agonisant et il ne comprend pas mais son coeur pleure. Le pêcheur éclate en sanglot. Le requin lui dit : « Tue-moi ! Achève-moi usurpateur que tu es homme ! Et tu deviendras un Dieu. » Le pêcheur est bloqué, terrifié et les larmes coulent à flot sur ses joues, incapable de l’achever… il lui dit : « Je ne peux pas tuer mon égoïsme. »

Texte : Anthony Klopffer

Image : Les dents de la mer (Steven Spielberg)

 

 

 

La Naissance du Printemps

Il était une fois, un roi rempli de haine sur son royaume. Il se haissait lui-même mais il se trouvait bon et généreux, il se croyait  incapable de faire du  mal à qui que ce soit. Il possédait tout, tout ce qu’un roi pouvait acquérir en bijoux, en peintures, en  statues, en livres. Il avait 1001 maîtresses et  pourtant le roi n’était pas heureux. Sa tristesse, ses frustrations et ses malheurs  nourrissaient sa haine. Une de ses maîtresses, qu’il aimait plus que son  royaume malgré qu’elle ne lui convenait pas, le trompa  sans cesse, lui déchirant le coeur. Il savait qu’elle était volage, futile, nymphomane et que tel un  scorpion qui ne peut pas  s’empêcher de piquer,  elle ne pouvait quand à elle s’empêcher de le trahir dans ses infidélités malgré l’amour qu’elle lui  donnait.  Il n’en pouvait plus.

Un jour, alors que sa maîtresse lui présenta son nouvel amant qu’elle aimait réellement bien plus que lui, le coeur déchiré il céda  son royaume aux  amoureux. Il quitta son territoire, délaissant vêtements, bijoux et autres acquisitions. Il partit dans les  montagnes, où la vallée était morte et déserte.  Il se mit à nu, se trancha les testicules qu’il enterra sous un arbre mort. Assis sous  l’arbre, il se posa sans cesse la question : « Qui suis-je pour faire ce que  j’ai fait ?  » A chaque nouvelle réponse, il pleurait, il  vomissait tout ce qu’il avait en lui. Le froid de la montagne il ne le sentait pas, il sentit une douce  chaleur en lui, une fois qu’il avait  renoncé à tous les pouvoirs, à toutes ses attaches et à tous les désirs.

L’arbre fleurit comme il n’avait jamais fleuri avant. Les fleurs étaient belles, la verdure apparaissaît, de l’eau jaillisait dans ce  désert mortuaire. Les autres arbres au loin étaient impressionnés par ce qui se passait sur l’arbre, et  l’imitèrent également. Un  vent doux fît son apparition et propageant les germes des fleurs et la verdure dans toute la vallée et la montagne.

L’ancien roi était enfin heureux par la vision de ce qui se produisit. Quand  les deux amoureux qui avaient à la charge son  royaume, étaient très curieux de voir le miracle qu’il se passait dans la montagne, ils s’y rendirent. L’ancien roi reconnut son ancienne maîtresse, enceinte du nouveau roi qui accoucha dans la verdure. L’ancien roi bénit l’enfant de l’eau de la source devenu une rivière. Il bénit le roi et la reine de tout son amour et ils baptisèrent en cette merveilleuse occasion la naissance de ce fils, que l’on appella Printemps.

Anthony Klopffer.

Pourquoi y a-t-il tant d’idiots de par le monde ?

Autrefois, il y avait beaucoup moins d’idiots qu’aujourd’hui. Quand il s’en trouvait un quelque part, aussitôt on le chassait du village. Aujourd’hui, par contre, il faudrait chasser la moitié du village et encore, cela ne suffirait pas. Mais comment se fait-il qu’il y en ait tant ? Voici comment les choses se passèrent :

Un jour, trois idiots qu’on avait chassés pour leur bêtise se retrouvèrent à une croisée de chemins et se dirent :  » Peut-être arriverons-nous à quelque chose d’utile en réunissant l’intelligence de trois têtes stupides. Et ils poursuivirent leur chemin ensemble. Peu de temps après, ils arrivèrent devant une cabane d’où sortit un vieil homme.  » Où allez-vous ?  » demanda celui-ci. Les idiots haussèrent les épaules :  » Là où nous porteront nos jambes. On nous a chassés de chez nous pour notre bêtise.  » Le vieux répliqua :  » Alors, entrez. Je vais vous mettre à l’épreuve.  » Il avait trois filles tout aussi bêtes et se montrait donc compréhensif.

Le lendemain, il demanda au premier idiot :  » Va à la pêche !  » Et au deuxième :  » Va dans les fourrés et tresse des cordes !  » Puis au troisième :  » Et toi, apporte-moi des noix de coco !  »

Les idiots prirent un carrelet, une hache et un bâton et se mirent en route. Le premier s’arrêta au bord d’une mare et se mit à pêcher. Quand son carrelet fut plein, il eut tout d’un coup soif. Il rejeta tout le poisson dans l’eau et rentra boire à la maison. Le vieux lui demanda : «  Où sont les poissons ?  »  » Je les ai rejetés à l’eau. La soif m’a pris et j’ai dû vite rentrer pour me désaltérer.  » Le vieux se fâcha :  » Et tu ne pouvais pas boire à la mare ?  »  » Tiens, je n’y ai pas pensé.  »

Pendant ce temps, le second idiot avait tressé un tas de cordes et se préparait à rentrer. Il s’aperçut qu’il n’avait pas de corde pour les attacher. Alors, il courut en chercher à la maison. Et le vieil homme se fâcha encore :  » Et pourquoi n’as-tu pas attaché ton tas avec l’une des cordes ?  »  » Tiens, je n’y ai pas pensé.  »

Le troisième idiot grimpa sur un cocotier et montra les noix de coco à son bâton :  » Tu vas jeter par terre ces noix, compris ?  » Il descendit et commença à lancer le bâton sur le cocotier, mais il ne fit tomber aucune noix. Lui aussi rentra à la maison bredouille et une fois de plus, le vieux se fâcha :  » Puisque tu étais sur le cocotier, pourquoi n’as-tu pas cueilli les noix à la main ?  »  » Tiens, je n’y ai pas pensé.  »

Le vieux comprit qu’il n’arriverait à rien avec les trois sots. Il leur donna ses trois filles pour femmes et les chassa tous. Les idiots et leurs femmes construisirent une cabane et vécurent tant bien que mal. Ils eurent des enfants aussi bêtes qu’eux, les cabanes se multiplièrent et les idiots se répandirent dans le monde entier.

Source : http://www.contesafricains.com/

 

Les écailles du dragon

Du fait de l’infortune de ses parents, une jeune princesse nommée Aris fut promise en mariage à un terrible dragon. Lorsque le roi et la reine l’annoncèrent à la princesse, celle-ci eut très peur pour sa vie, mais reprenant ses esprits, elle se rendit à travers le marché auprès d’une femme de sagesse qui avait élevé douze enfants et vingt-neuf petits-enfants et connaissait les manières des dragons et des hommes.

Cette femme annonça à Aris qu’elle allait effectivement se marier avec le dragon mais qu’il existait des moyens appropriés pour s’en approcher. Puis elle donna des instructions pour la nuit de noces et demanda en particulier à la princesse de revêtir à cette occasion dix robes magnifiques, l’une au-dessus de l’autre.

Les noces eurent lieu et il y eut une grande fête au palais. Puis le dragon emporta la princesse vers la chambre à coucher. Lorsqu’il s’approcha de son épouse, celle-ci l’arrêta en lui disant qu’elle devait enlever avec précaution toutes ses parures avant de lui offrir son cœur. Et sur les conseils de la vieille femme, elle ajouta qu’elle devait, lui aussi, enlever précautionneusement ce qui l’habillait. Le dragon accepta de bon cœur. « A chaque fois que j’enlève une épaisseur de robes, tu dois aussi enlever quelque chose. » Alors, enlevant sa première robe, la princesse regarda le dragon se défaire de la première couche de sa cuirasse d’écailles. Bien que ce fût douloureux, le dragon avait déjà fait cela de temps en temps. Mais la princesse enleva une autre robe, et une autre encore. A chaque fois le dragon se vit obligé de retirer une épaisseur d’écailles de plus en plus profonde. A la cinquième robe, le dragon commença à verser de chaudes larmes de souffrance. Malgré cela la princesse continua.

A chaque nouvelle couche, la peau du dragon devenait de plus en plus tendre et sa silhouette s’adoucissait. Il devint de plus en plus lumineux et quand la princesse ôta sa dixième robe, le dragon laissa tomber le dernier vestige de sa forme de dragon et apparut en homme, un beau prince dont les yeux étincelaient comme ceux d’un enfant, enfin libéré d’un vieux sortilège d’être un dragon. La princesse Aris et son nouveau mari s’abandonnèrent ensuite aux plaisirs de la chambre nuptiale, suivant ainsi le dernier conseil de la femme de sagesse aux douze enfants et vingt-neuf petits enfants.

Source : Après l’extase, la lessive. Jack Kornfield.

L’Arbre du Présent

Il était une fois, par une journée de forte chaleur, un disciple qui se promenait au beau milieu de l’après-midi. Prenant un chemin à  travers les pâturages, il trouva un banc sous un arbre pour s’asseoir. Ayant l’esprit fort contrarié et confus suite à un dispute avec  son maître qui l’avait traité de paresseux, il ôta sa paire de sandales, se coucha sur le banc pour profiter d’une méditation.

Se concentrant sur l’instant présent, son attention se portait sur les oiseaux dans le ciel. L’arbre lui fournissant de l’ombre. Un léger vent  souffla sur lui, aidé par les branches de celui-ci pour le ventilé. Le disciple contempla le ciel, et les animaux qui étaient autour de lui.  Vidant sa coupe, il parvient à un silence interne. Dans cet état, toute son attention sur ce qui « est » lui donna alors de la plénitude.

Retrouvant la sérénité d’un esprit calme et le coeur léger, il remit ses sandales et reprit son chemin. Au bout de quelques pas, l’Arbre lui  dit :

– « C’est donc comme cela que tu me remercies ? »

Fort gêné, le disciple retourna vers lui et il commença à pleuvoir quelques gouttes. Le disciple se dépêchait pour se protéger de cette pluie éphémère sous l’Arbre doté d’une conscience.

Le disciple lui présenta ses plus sincères excuses et, pour lui montrer sa grande satisfaction, il posa une main amicale sur son tronc. A cet instant même, une multitude de fourmis alla sur sa main. Ayant été à la fois très surpris et prit de peur, il balaya rapidement toutes les fourmis indésirables au sol avec son autre main et reprit son chemin à vive allure.

A bout de quelques mètres de l’Arbre, il prit conscience de son terrible geste. Dans cette forte attention, il comprit pourquoi il avait fait cet acte monstrueux en quelques secondes. Tout ceci à cause d’une peur, la peur que les fourmis lui infligeraient des morsures, tout cela prenant naissance à la racine de sa connaissance sur les fourmis. Sentant que cette terrible illusion était la responsable de la mort d’une dizaine « d’Etres » dont il a été la marionnette en suivant l’action. Il retourna vers l’Arbre, remit sa main de manière amicale au même endroit où se trouve le nid de fourmis. Bien entendu, des fourmis allaient de nouveaux sur sa main et son avant-bras.

Elle galopaient en tournoyant, certaines d’entre elles se battaient, une autre le piqua dans sa chair. Le coeur du disciple bat à vive allure. L’Arbre sentant que le disciple avait une respiration aussi courte que rapide lui demanda de bien vouloir respirer profondément et de se calmer. Suivant les conseils de ce Maître du présent, le disciple porta ainsi sa plus grande attention à ce qu’elles faisaient, il sentait, en réalité, des châtouillements de leur part. Il voyait alors que les fourmis ne perdaient pas leur temps, elles tournaient autour de sa main et de son bras croyant qu’elles le piquaient, les fourmis n’avaient pas de temps à perdre en futilités. Elles ne faisaient que chercher, chercher encore et toujours autour de ses membres pour trouver quelque chose qui apporterait satisfaction pour le bien de leur colonie, pour leur Reine. Le disciple, au bout de quelques minutes, reposa sa main sur le tronc de l’Arbre et attendit que les fourmis retournent à leur nid. Elle partaient toutes sans se rendre compte que leur « environnement » avait de nouveau changé, sauf une qui cherchait encore et encore autour de la main du disciple. Ce dernier l’aida à retrouver ses soeurs et cela ne la perturba pas le moins du monde.

Le disciple les laissa, fit quelques pas, regarda sa main et son avant-bras et constate qu’il n’y avait aucunes morsures de fourmis. Il dit à l’Arbre :

– « Maître, je vous remercie de votre leçon d’aujourd’hui. »

– « Sur ta gauche, au bout du chemin, tu trouveras une fontaine. Mets ta main dans l’eau et tu comprendras tout ». lui dit l’Arbre.

Par politesse et par une extrême mode

stie, le disciple le salua encore une fois dans un profond respect. Il continua son chemin et trouva la fontaine comme indiquée. Suivant les conseils de ce Maître-Arbre, il plongea sa main où les fourmis avaient galopé, dans l’eau. Il sentit une sensation si douce qu’il comprit dans sa plus profonde signification la leçon d’aujourd’hui.

De retour au temple, il raconta à son maître ce qu’il lui était arrivé. Le maître, heureux, lui dit que dorénavant cet arbre sera son Maître car il n’a plus rien à lui apprendre et qu’il doit partir sur le champ sans chercher à comprendre ses raisons. Le disciple, obéissant pour la dernière fois, à sa volonté.

Sur le chemin du retour à l’Arbre, le disciple était heureux à l’idée de le retrouvé. Cependant, durant le trajet, il ne pouvait pas s’empêcher de penser à ces pauvres fourmis qui travaillaient aveuglément pour une autorité.

L’Arbre, lui, connaissant parfaitement les hommes à travers les âges qu’il a vu et vécu, enseigna au disciple tellement sur la société à travers les animaux qu’il était devenu, avec le temps, un grand Maître très respecté, très recherché et très aimé. Rejettant toutes bienveillances et malveillances à son égard, la légende raconte, qu’au cours d’une grande méditation, il se serait transformé en un immense chêne majestueux auquel ses propres racines se nourriraient au coeur d’une fontaine.

FIN.

Texte : Anthony Klopffer